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Saint Georges

Livre d’heures pour chaque jour de la semaine
Saint Georges
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Ce livre d’heures en latin, qui conserve sa reliure d’origine de veau brun estampé sur ais de bois, a été réalisé en deux campagnes picturales distinctes. L’un des Maîtres de Guillebert de Mets que nous nommons le Maître A du Décaméron (Paris, BNF, Ars., ms. 5070) a réalisé vers 1420-1430 toutes les miniatures. Parmi elles, le Trône de grâce (fol. 1v) et sainte Barbe (fol. 94v) sont identiques à celles d’un autre livre d’heures attribué au groupe Mets (Aschaffenburg, HB, ms. 7). En revanche, une composition rarissime, qui évoque une scène de confession ou de pénitence, placée en face du suffrage à sainte Wilgeforte (fol. 45), et les représentations de saint Victor de Marseille (fol. 79v) et de saint Macaire (fol. 92v) distinguent le riche programme iconographique.

Les commanditaires originaux pourraient être Marguerite et/ou Kateline Van Clessenare. L’une était prieure et l’autre soeur à l’hôpital d’Audenarde. Les saintes Marguerite et Catherine qui présentent ces supposées donatrices au Christ du Jugement dernier (fol. 56v) semblent livrer l’indice le plus probant. Des prières à ces deux saintes figurent dans le texte du livre d’heures (fol. 71v-74). Peut-être Barbara reçut-elle ce livre à l’occasion de son mariage. En tout état de cause, il s’agit indéniablement d’un exemple exceptionnel de livre de dévotion ayant appartenu à la bourgeoisie d’Audenarde.

Une trentaine d’années après la réalisation du manuscrit, un deuxième artiste est intervenu pour retoucher partiellement deux des miniatures, sans doute sur la commande de Joris Van der Meere (mort vers 1482), représenté avec son épouse Barbara Van Clessenare (morte vers 1509). Cette dernière était la nièce de Marguerite et la sœur de Kateline. Le couple appartenait alors à la haute société politique et économique d’Audenarde. 

Ce fait est d’autant plus intéressant que ces surpeints, réalisés au moment du changement de possesseur, peuvent être attribués à un artiste bien connu, Jean Le Tavernier, dont l’intervention ponctuelle et à première vue discrète touche les donateurs et leurs armoiries. Les visages du couple en prière au pied du Christ du Jugement dernier (fol. 56 v) et l’homme agenouillé devant la Vierge (fol. 60 v) trahissent sa manière. Par ailleurs, la mode affichée est en décalage avec la campagne picturale originale.

Le manuscrit était la possession des ducs d’Arenberg, dont la collection, vendue en 1952, intégra à ce moment celle du comte Guy du Boisrouvray, lequel en fit don à la Bibliothèque nationale de France en 1960.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    15e siècle, vers 1420-1430
  • Lieu
    Gand et Audenarde
  • Auteur(es)
    Maîtres de Guillebert de Mets, enlumineurs
  • Description technique
    Manuscrit enluminé sur parchemin, 18 × 13 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, NAL 3112, fol. 85v

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm124200423d